Elle nous raconte son parcours…
Bonjour Annick ! 29 ans déjà… Te souviens-tu de tes débuts ?
Le 16 août 1991, je suis entrée à l’Institut royal des Elites du Travail. Ayant précédemment travaillé dans un environnement moderne, j’ai été fort surprise d’y trouver un mobilier années 50, une stencileuse[1] et des machines à écrire… ! Nos bureaux, rue Orts face à la Bourse de Bruxelles, se répartissaient sur quatre étages accueillant une vaste salle de réunion, les archives et trois groupes : le commissaire général et le directeur général ; une équipe qui suivait l’organisation des secteurs, chaque personne accomplissant une tâche bien définie au sein des procédures ; et une autre équipe qui, avec l’appui d’une téléphoniste, finalisait les procédures, rédigeait les arrêtés royaux et organisait les cérémonies.
Je faisais partie de cette dernière équipe, organisant une dizaine de cérémonies par an, tout en gérant le secrétariat de la Direction et du Collège Royal des Doyens d’honneur du Travail. Depuis mon arrivée, une Journée de rencontre nationale des Doyens est organisée chaque année. J’ai ainsi co-organisé et réalisé le suivi administratif de chacune de ces rencontres jusqu’en 2019, celle de 2020 devant malheureusement être annulée en raison des mesures sanitaires.
Fidèle au poste, tu as eu l’occasion d’observer des changements… Avec quels responsables as-tu travaillé ?
J’ai connu à ce jour quatre directeur.rice.s : Monsieur Hugo Coeck (1991) dont la première tâche fût d’acheter une photocopieuse et un peu plus tard des ordinateurs…, Madame Lieve De Cock (1996) qui fît grandir l’équipe au fur et à mesure, nous faisant déménager une rue à côté, rue des Poissonniers, Madame Martine Voets (2001) qui dirigea l’Institut pendant près de vingt ans, passant récemment le relais à Monsieur Donatien d’Hoop (2019). Mais aussi trois commissaires généraux, MM. Raymond Nuyts, Maurice Defort et Willy Imbrechts, et quatre présidents, John Baron van Waterschoot, Valère Baron Croes, MM. Jean-Pierre Coirbay et Philippe Pirson.
Ta fonction a-t-elle changé ?
C’est sous Madame Voets que chacun s’est vu attribuer non pas une tâche bien précise dans une procédure mais un secteur à prendre en main du début de la procédure à la réunion de clôture. C’est aussi sous sa direction, en 2003, que j’ai été nommée conseillère adjointe, promotion reconnaissant le travail accompli et que j’ai naturellement accueillie avec beaucoup de joie et d’entrain ! Délégant l’organisation des cérémonies à une de mes collègues, j’ai pu entièrement me consacrer à la prise de contact des personnes adéquates au sein de chaque organisation patronale et syndicale d’un secteur, les invitant à la première réunion d’information. Cette réunion, dirigée par Madame Voets, devait inciter les participants à démarrer une procédure et se porter volontaires dans la formation d’un Comité Organisateur. Le suivi du dossier était ensuite confié à un de mes collègues.
Quels changements ont été opérés au sein de l’Institut ?
Désirant que l’Institut s’adapte à un monde moderne en perpétuel changement, le Conseil d’administration a décidé en 2009 de revoir nos procédures. D’abord, les formulaires d’inscription, qui jusqu’ici étaient identiques par insigne pour chaque secteur ont été adaptés à la réalité de chaque secteur. Dès lors, les membres du Comité Organisateur étaient invités à rédiger les critères spécifiques à chaque insigne pour les travailleurs de leur secteur et l’IRET rédigeait une proposition de questions que le Comité devait approuver. Madame Voets a aussi rencontré des DRH pour mieux comprendre quels étaient les objectifs professionnels de chaque secteur en matière de valorisation et communication.
Ensuite, pour rendre le titre de Lauréat du Travail plus attrayant, deux autres mesures ont été prises : un candidat n’était plus obligé de débuter par l’insigne le plus bas s’il répondait aux critères d’un insigne supérieur et les Lauréats, nommés par arrêté royal pour leur insigne, recevaient aussi un Label du Comité Organisateur. C’est « Bien-être du travail » qui fût le premier secteur concerné par ces nouvelles mesures.
Dans cette même optique, Madame Voets a également organisé en 2016 des réunions avec des jeunes Lauréats et de jeunes syndicalistes afin d’entendre leur point de vue à propos de l’IRET et de son avenir. Quelques jeunes de ce groupe, baptisé « Place des Jeunes », ont participé à une table ronde en présence de S. M. le Roi, le 28 février 2018, leur permettant d’exprimer leurs témoignages et opinions concernant la place des jeunes sur le marché de l’emploi. Aussi, lors des festivités du 21 juillet 2018, à la demande du Palais, Place des Jeunes et l’IRET ont tenu un stand dans le Parc de Bruxelles, nommé « village pour les cinq ans de règne du Roi ». S.M. le Roi Philippe et S.M. la Reine Mathilde sont venus saluer personnellement dans l’après-midi toutes les personnes tenant un stand dans ce village.
Le nouveau Directeur général a poursuivi la modernisation avec, entre autres, le renouvellement de notre site web, la suppression des années d’expérience requises par insigne (les dossiers étant analysés uniquement sur base des mérites) et la simplification du questionnaire d’inscription aux procédures. Depuis, nous repensons constamment nos procédures afin de les adapter au mieux au monde du travail moderne et aux spécificités de chaque secteur.
Rencontrer la famille royale est chose peu banale ! Cela s’est-il reproduit à d’autres occasions ?
Parmi les évènements marquants, la date du 23 octobre 1994 reste gravée dans ma mémoire. Ce jour, l’IRET a organisé un événement spécial pour son 40e anniversaire auquel s’est joint le Collège pour sa 4ème Journée de rencontre nationale. C’est aussi le jour où la Reine Fabiola a reçu son collier de Doyen d’honneur du Travail honoris causa. Pour l’accueillir, ma fille, Kim, âgée de 4 ans, a offert des fleurs à la Reine. Après la séance, toute l’équipe de l’IRET a été reçue dans un petit salon par toute la famille royale. Cela ne s’oublie pas évidemment ! C’était formidable !
Le 13 mars 2002 a aussi été inoubliable ! Les colliers de Doyen d’honneur du Travail honoris causa ont été remis à Anne Teresa De Keersmaeker et José Van Dam en présence de S.A.R. la Princesse Astrid. Ma fille Kim, âgée de 12 ans est montée sur le podium et a présenté le coussin avec les colliers à S.A.R. la Princesse Astrid pour qu’elle puisse décorer les deux Doyens.
Et maintenant ?
Aujourd’hui, nous sommes une petite équipe dynamique : Nancy, Werner, Gilles, Fanny, notre jeune directeur Donatien et moi-même faisant, pourrait-on dire, partie des « vieux meubles » ! Cette trentième année s’annonce compliquée, en raison de l’épidémie du Corona. Mais, passionnante comme les vingt-neuf précédentes, je souhaite poursuivre ce travail qui me tient à cœur jusqu’à ma pension, en contribuant encore et toujours à la bonne tenue de l’Institut et à sa continuité !
[1] Stencileuse : Système de reproduction de textes préalablement frappés sur un papier stencil, papier paraffiné spécial rendu perméable à l’encre fluide par frappe dactylographique et se comportant comme un pochoir.